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La Maison Seguin :
L'ancienne synagogue de La Réole
7 rue Maurice-Moussillac
Présentation
Destination initiale
Synagogue
Destination actuelle
Destruction quasi-totale
Construction
Propriétaire
Commune
Patrimonialité
Localisation
Pays
France
Département
Commune
Coordonnées
Localisation sur la carte de la Gironde
voir sur la carte de la Gironde
Localisation sur la carte de France
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La « Maison Seguin » est une immeuble particulier situé sur la commune de La Réole, dans le département de la Gironde, en France. Cet édifice est très probablement la dernière vestige d'une synagogue du XIIe siècle. L'étude du style des sculptures et comparaison avec les œuvres des ateliers à La Réole et les environs permette une datation de 1175 à 1200 pour la construction. Ce qui fait du bâtiment une partie d'une des plus anciennes synagogues de la France.

Pour le protéger contre l'ultime destruction, le bâtiment a été inscrit au titre des monuments historiques en 2002[1].

Localisation[modifier | modifier le code]

La « Maison Seguin » est situé au cœur de la vieille ville de La Réole, au numéro 7 de la rue Maurice-Moussillac. Il fait partie d'un plus vaste édifice qui occupait la rue Maurice-Moussillac jusqu'à l'angle avec la rue Armand-Caduc et qui avait son entrée dans cette dernière rue.

Plan du quartier en 2019

Au XVIIIe siècle, rue Maurice-Moussillac s'appelait rue Blandin et rue Armand-Caduc s'appelait la Grande Rue. C'est les noms qui sont utilisés au XIXe siècle dans les description des ruines de l'édifice par Michel Dupin, M. Lapouyade et par Léo Drouyn.

Plan du quartier en 1757

Parallèle à la rue Maurice-Moussillac et perpendiculaire à la rue Armand-Caduc se trouve la rue Peysseguin, qui s'appelait autrefois rue Pechseguin. En gasconne Puch, Pech, Puy, Pey veut dire hauteur ou mont. Donc le nom se traduit par Mont-Seguin. Il est vrai que cette localité est le point culminant de La Réole, avec une hauteur de 40 m.

Pourquoi le nom « Maison Seguin »[modifier | modifier le code]

Il est établi que des membres de la puissante famille Seguin, seigneurs de Rions, habitaient La Réole depuis le début du XIIIe siècle[2]. Par exemple, Pierre de Seguin habitait la rue de Pey-Seguin en 1338 et Hélie II de Seguin en 1549. Leurs descendants[3] étaient des personnages importantes à La Réole : Jean Antoine de Seguin (1789-1874) était Maire.

De ce fait, Drouyn, dans sa deuxième description[4], rompre avec la tradition locale, qui appelait l'endroit l'« ancienne synagogue » et il l'appelle la « Maison Seguin » (dans sa première description[5] de 1853 il l'appelait Maison de la rue Blandin, connue sous le nom de la synagogue) et il rejette sèchement l'hypothèse d'une synagogue avec seulement la phrase lapidaire[6] : « Quant à avoir été une synagogue, ce n'est pas admissible. On lui a donné ce nom parce que près de là se trouvait la rue des Juifs. »

A la fin de son deuxième description[7] Drouyn écririvait :

« Si j'ai parlé si longuement de cette belle maison, c'est que je la considère comme un des plus beaux restes de l'architecture civile dans le midi de la France, et que je serais heureux si l'étude que j'en publie pouvait engager la ville de La Réole à en faire l'acquisition pour la sauver de la ruine imminente dont elle est menacée. »

Le Maire de la Réole à ce moment était Jean Antoine de Seguin, descendant directe de la famille seigneuriale, et de nommer le bâtiment « Maison Seguin » n'était peut-être pas dépourvu d'arrière pensées de la part de Drouyn. Dans tous les cas, son souhait ne fut pas exaucé.

Cependant, il n'existe ni document de l'époque connu, ni trace archéologique qui atteste le moindre lien entre la famille Seguin et ce bâtiment, qui date du XIIe siècle. (La Réole était sous domination anglaise à cette époque et une piste pour un historien dévoué serait de consulter les Rôles gascons[8], car toute construction d'un édifice importante par un Seigneur était sujet à l'autorisation du roi d'Angleterre, et tous les accords étaient scrupuleusement notés et sont toujours conservés et accessibles[9].)

Il est tout-à-fait possible que des membres de la famille Seguin ont occupé le bâtiment après l'expulsion des Juifs par le roi de France, car Dupin fait référence a une deuxième synagogue construite par la communauté juive après leur retour à La Réole, car leur ancienne synagogue a été confisquée[10].

Il est également vrai que l'on ne dispose pas d'un document de l'époque qui atteste que le bâtiment était une synagogue. Même l'existence d'une communauté juive à La Réole s'appuie sur des sources assez maigres. Cependant, quand on considère la géographie des lieux, les traditions locales et les descriptions des ruines du bâtiment, il y a un faisceaux de présomptions qui plaident pour l'hypothèse d'une synagogue.

La communauté juive de La Réole[modifier | modifier le code]

L'histoire des communautés juives en France pendant me Moyen Age est très imparfaitement connu. Dans l'étude de Gérard Nahon sur l'archéologie juive de la France médiévale[11] on peut lire : « Beaucoup de synagogues ont existé en France au Moyen Âge. Elles furent plus ou moins importantes suivant le nombre et la fortune des diverses communautés juives […]. Au cours des persécutions dont les Juifs ont été l'objet au Moyen Âge, toutes les synagogues ont été détruites ainsi que les cimetières qui les avoisinaient. » et « Mais dans plus de 400 villes ou villages de France, on trouve une rue de la Juiverie ou une rue des Juifs qui rappellent l'implantation de cette France juive rurale qui disparut au XIVe siècle ». A Bordeaux, au Moyen Age, ou habitaient environ 300 familles, le livre de Malvezin, Les Juifs de Bordeaux[12], consacre seulement une quinzaine de pages à cette époque, faute de documentation.

Pendant le Moyen Age les Juifs avait l'habitude de fixer leurs colonies le long des axes commerciaux importantes. Ainsi la vallée de la Garonne se trouvait jalonnée par des communautés à Bordeaux, Rions, Marmande et Agen... La Réole était une ville très prospère sur la Garonne entre Rions et Marmande, avec une commerce très florissante de vin avec l'Angleterre et il aurait été surprenante de ne pas avoir sa communauté juive. Par exemple, Gaubin dans son Histoire de Réole fait référence[13] a un document qui mention l'existence d'une synagogue au VIIe siècle. En plus, La Réole était sous la souveraineté anglaise de 1154 à 1453 et les Juifs d'Aquitaine ont été épargnés par les décrets d’expulsion successifs des rois de France de 1284-1305-1310 (voir Édit d'Expulsion (1306), Expulsions des Juifs de France et Expulsions et retours des Juifs).

L'existence d'une communauté juive est indiqué par les anciens plans de la ville.

  • En face de l'ancienne entrée de la « Maison Seguin » se trouve, aujourd’hui, la rue Bellot des Minières qui est prolongée par la rue du Sault. En descendant vers le port du Sault (port du sel), à gauche, on trouve l'impasse des Galants, suivie par l'impasse des juifs. Sur le plan de la ville de 1757, on observe que la rue Bellot des Minières s’appelait rue des Juifs.
  • Sur un titre en date de 1454[14] il est question de la Carreïre dos Juziüs, qui suggère également la présence d'une communauté Juive à cette époque.
  • Dupin[15] fait référence à une vieille chronique (aujourd'hui perdu), qui affirmait que les juifs avaient leur cimetière sur le coteau du lieu-dit de Laubessa ou Lo Bessac, à peu près au nord-est et non loin du cimetière paroissial de Saint-Michel, que l'on voit sur la carte de 1757.
L'urbanisme moderne a fait disparaître ces cimetières. Mais, on peut dire que l'emplacement corresponde exactement aux ordonnances d'une communauté juive : situé hors de la ville ; loin des habitations ; sur une colline ; enclos par un mur protecteur. En plus, l'exposition au sud permettait d'orienter les tombes vers Jérusalem.
  • La rue des Juifs était assez longue, qui indique la présence de nombreuses familles. Dès que la population d'une communauté juive dépassait une dizaine de familles, le minian était atteint et ils étaient en mesure de pratiquer des cultes régulièrement. Or la vie de la communauté nécessitait une synagogue, un bain rituel, une école, un four à azymes...

En plus de la « Maison Seguin », Dupin[16] signale l'existence d'une autre synagogue :

« A l'est de la rue des Juifs, et au bout méridional de l'ancienne rue des Galants, sont les restes d'un autre bâtiment en briques sarasines, que la tradition locale, d'accord avec un manuscrit du dix-septième siècle, désigne sous le nom de la Synagogue, et au-devant duquel existait la place appelée Rodrigue ou du Carrot (1). On y voyait encore, à la même époque, la chaire en pierre avec le pupitre où le rabbin prêchait.

On connaît les persécutions que les juifs éprouvèrent sous Philippe-Auguste. En 1250 il en était rentré un grand nombre en Guyenne;la plupart s'étant fixés alors à La Réole, ou plutôt y étant revenus pour reprendre leur commerce, construisirent l'édifice qui fait le principal objet de cet article; et lorsqu'après les nouveaux bannissements prononcés contr'eux, dans les premières années du siècle suivant, les portes du royaume leur furent rouvertes, ils choisirent, en remplacement de leur temple primitif, qui avait été confisqué, la maison de la rue des Galants.

(1) La place du Carrot dépend aujourd'hui de la maison Monier, et le prolongement de la rue des Galants, qui y aboutissait, transformé en jardin, est également une propriété particulière, ce prolongement ayant été usurpé vers 1774 et la place peu de temps après. »

Il ne reste plus aucune trace de ce deuxième bâtiment.

La comparaison des vestiges de la « Maison Seguin » avec d'autres synagogues du XIIe siècle est quasi impossible, car suite à l'histoire tragique il y a très peu de synagogues de l'époque romane qui subsistent aujourd'hui :

Critères nécessaires pour une synagogue[modifier | modifier le code]

Bougoux fut le premier à tester sérieusement l'hypothèse d'une synagogue en recherchant des éléments archéologiques qui devraient faire partie d'une synagogue. Pour remplir sa fonction au sein d'une communauté juive une synagogue doit se conformer à un certain nombre de critères :

  • Proche du quartier ou habite la communauté juive.
  • La construction la plus élevée du quartier juif et proche d'une source d'eau.
  • Un lieu central de la ville et proche des centres du Pouvoir.
  • Une grande salle de prière, qui ne doit pas avoir d'autres constructions au-dessus.
  • La salle de prière doit avoir une séparation (balcon, galerie ou autre) pour les femmes.
  • La salle de prière doit avoir un endroit très saint sur le mur orienté vers Jérusalem, où est gardé dans un armoire, le Torah.
  • A l'extérieur, un parvis ou cours où se réunit l'assemblée avant d'entrer dans le bâtiment.
  • Dans cette cours, une vasque alimentée de l'eau pure, pour laver les mains avant d'entrer dans la salle de prière.
  • L'entrée d'un mikvé, ou bain rituel. Le mikvé était presque toujours souterrain et alimenté avec de l'eau de source.
  • Le bâtiment devait avoir une salle d'étude ou école pour les enfants et une salle de réunion pour des évènements communautaires.
  • Un four de boulanger pour la préparation du pain azyme.
  • Dans les grands synagogues il y avait nombreuses petites pièces, et le lieu d'habitation du rabbin.

L'analyse détallé des vestiges du bâtiment actuel, des rapports de Dupin et de Drouyn, permet Bougoux de conclure que :

  • le bâtiment n'était pas une maison d'habitation d'un particulier ;
  • il était conçu pour accueillir des rassemblements solennelles ;
  • la proximité de l'Hôtel de Ville exclu un autre bâtiment civique ;
  • la décoration est semblable à certaines églises romanes dans les environs[22] (le même atelier qui travaillait vers 1180 - 1200), mais le bâtiment n'était pas une église ;
  • les critères ordonnances nécessaires pour être une synagogue sont satisfaites.

Description du bâtiment[modifier | modifier le code]

L'état actuel du bâtiment :

On pensait que le bâtiment décrit par Dupin, par Lapouyade et par Drouyn avait été complétement détruit au début du XXe siècle et remplacé par des constructions nouvelles. Ce n'est pas toute à fait le cas :

  • La façade du no 7, rue Maurice-Moussillac présente peu d'intérêt. Mais, on voit, au première étage une petite fenêtre romane et au deuxième étage on discerne les traces d'une arcade en plein-cintre au-dessus une ouverture moderne. Toutes les autres ouvertures datent de la fin du XIXe siècle ou du début du XXe siècle, comme l'enduit gris qui couvre un moyen appareil, qui lui, date du XIIe siècle.
  • La publication en 1969 par W. Cahn[23] des objets romans dans la collection du Musée Isabella Stewart Gardner de Boston, a permis Jacques Gardelles d'identifier[22] un portail dans la collection comme étant le portail de la « Maison Seguin » dessiné par Drouyn et photographie par Brutails. Aujourd'hui on peut admirer ce portail sur le site du musée[24].
  • En 1993, à l'intérieure du bâtiment, des éléments architecturaux ont été retrouvés, en particulier les arcs d'une des fenêtres du deuxième étage,[25] et identifiés comme étant les vestiges de la « maison Seguin » dessinée par Léo Drouyn.
  • En 2003, Bougoux publie une étude minutieux des restes du bâtiment et en particulier des arcades de la cour et la cave, un endroit qui n'avait pas été décrit auparavant.

Le bâtiment au XIIe siècle :

A partir des descriptions de Dupin, Drouyn et de Bougoux on peut reconstruire les grandes lignes du bâtiment tel qu'il était au XIIe siècle. Cette reconstruction partielle aide pour la compréhension de la description détaillée ci-dessous. Malheureusement, la partie du bâtiment formante :

  • l'angle de la Grande rue et de la rue Blandin a été complètement détruit et « modernisé » quand Dupin a fait sont étude vers 1830. Donc il n'y a pas d'information, sauf qu'il existait, car on voyait des traces de portes visibles à partir de la cour et parvis.
  • Il existait une partie du bâtiment au nord de no 7 rue Moussillac, car dans le rez-de-chaussée il y avait les traces d'une porte qui donnait sur ce bâtiment disparu.
  • A l'emplacement du no 3 rue Maurice-Moussillac il y avait également un bâtiment de la synagogue, car dans la cour au rez-de-chaussée et au premier étage il y avait les traces de portes donnant sur ce bâtiment.
  • A l'emplacement du no 1 rue Maurice-Moussillac, il ne resta aucune trace du bâtiment originel.

L'entrée[modifier | modifier le code]

L'entrée, située sur la Grande-Rue, et en face de la rue des Juifs, formait un corridor longue de 15,45 m et large de 4,46 m qui prolongeait cette dernière. Il était composé :

  • D'un espace non clos, mais couvert, à piliers carrés avec des arcades en ogive. Ce parvis ou cour des gentils[26] avait été surélevée par quelques marches.
  • Le nord du parvis est fermé par un porche, sans doute avec une porte d'entrée simple. Sous le porche se trouve un escalier (A), qui donnait accès à une vaste cave (environ 100 m2).

La cour[modifier | modifier le code]

Après le porche, une cour ouverte au fond duquel, et sur un perron, s'ouvrait la porte principale de la synagogue, qui donnait accès au bâtiment par le premier étage.

  • Sur le mur occidental de la cour se trouvent (B) trois arcs ogivaux romans dont les archivoltes reposent sur tailloirs à festons. La cimaise des archivoltes est couverte d'astéries à huit rayons. L'un de ces arcs est plus étroit que les autres et repose sur deux consoles. L'une d'elles représente une tête monstrueuse, l'autre est un bossage orné de petites feuilles rondes comme celles de la fenêtre de l'Hôtel de Ville.
  • Au fond de la cours, contre le mur orientale se trouve une vasque ou évier (C).
  • Deux portes (D) sur le mur occidental qui donnait accès à l'annexe, aujourd'hui disparu.
  • Dans le fond de cette cour et sous le portail principal est une porte (E) qui communiquait dans le rez-de-chaussée de la partie conservée de l'ancienne maison.
  • Un perron monumental (F) qui donnait accès au portail principal, au premier étage

Rez-de-chaussée[modifier | modifier le code]

Après avoir franchi le seuil de la porte, on se trouve enfermé dans une antichambre étroite (G).

  • La porte de cette antichambre s'ouvre sur une grande salle, divisé en deux parties, à peu près égales, par une grande arcade ogivale romane (H).
  • La première partie de la salle était éclairé, à l'ouest, par deux petites fenêtres ogivales, biseautées extérieurement et largement ébrasées vers l'intérieur; leur archivolte extradossée est formée de longs claveaux, et leurs pieds-droits, comme celui de toutes les autres ouvertures, de pierres beaucoup plus fortes que celles de l'ensemble de la construction, bâtie en appareil moyen carré et piqué.
  • Entre les croisées, d'énormes corbeaux (I) soutiennent le foyer d'une cheminée du premier étage.
  • En face des fenêtres une porte (J) en cintre bombé, communiquant dans la partie orientale de la maison, aujourd'hui totalement disparue.
  • Les poutres et les solives du plafond sont appuyées sur une corniche en pierre peu saillante qui règne tout le long du mur.

L'autre moitié du rez-de-chaussée est assez semblable.

  • Il y a deux petites fenêtres ogivales sur le mur ouest et une porte (K) sur le mur nord qui ouvrait sur une partie du bâtiment aujourd'hui totalement disparue.
  • Entre les deux fenêtres se trouve le conduit d'une cheminée (L), que l'on peut suivre jusqu'à la toiture.

La pièce était toujours sombre et l'utilisation des luminaires quasi permanent. On peut s'interroger sur sa fonction : une école ? ; la source de chaleur sous la cheminée peut-être une four à Matzot ?

Premier étage[modifier | modifier le code]

L'entrée du bâtiment principal est par un portail monumental au premier étage. Ce portail n'est pas très visible de la rue extérieure. Elle estt au fond d'une cours intérieure et l'on accède par un escalier monumental. Cette particularité ne plaide pas en faveur de l'hypothèse que le bâtiment était conçu comme une maison seigneuriale. Les seigneurs voulaient toujours impressionner la population en rendant leur richesses et puissance très visible.

Le portail[modifier | modifier le code]

On connait le portail en détail. D'abord par les dessins de Drouyn en 1861 et par les photographies de Brutails et de Mareuse vers la fin du XIXe siècle. En plus, on peut toujours admirer l'originel ! En 1916 ce portail a été acheté par une collectionneuse américaine, Isabella Stewart Gardner, et il est actuellement exposé[24] dans son musée à Boston, U.S.A.

Le portail s'ouvre sous un linteau droit, orné sur sa face verticale d'un méandre grec, supportant un tympan encadré d'une archivolte en plein-cintre subquinquilobé.

Dans les trois lobes supérieurs sont trois têtes en haut relief. Au sommet, une tête d'homme barbu, à longs cheveux divisés sur le front; à sa droite, une tête de jeune homme; à sa gauche, une tête de femme couronnée.

L'arcade s'appuie sur deux colonnes dont les chapiteaux sont formés par une seule tête monstrueuse engoulant la colonne, et dont le tailloir, très-élevé est couvert de festons.

Le dessous du linteau est orné de quatre rondelles concaves; il s'appuie sur deux consoles couvertes d'enroulements, soutenues elles-mêmes par deux colonnettes dont les longs chapiteaux sont couverts, l'un de feuilles d'eau, l'autre de feuilles formant volutes.

A l'époque romane dans la partie orientale de l'Entre-deux-mers des portails polylobés ne sont pas très fréquent. On les trouve à la chapelle des Hospitaliers à Villemartin et à l'église Saint-Pierre de Puisseguin (anciennement Puy-Seguin). Ils semblent être tous l’œuvre du même atelier, qui a également fait es sculptures à La Réole (église Saint-Pierre et l'Hôtel de ville). Ceci permet de dater la « Maison Seguin » entre 1175 et 1200 environ.

A côté du portail polylobé, à gauche, est une autre porte ogivale romane qui donnait accès au bâtiment dont il n'existe plus aucune trace. On peut voir les traces de cette porte sur le dessin de Drouyn et la photographie de Edgar Mareuse.

Les deux salles[modifier | modifier le code]

Après avoir franchi le portail, on rencontre immédiatement, comme au rez-de-chaussée, une petite antichambre. La salle dans laquelle on entre est juste de la dimension de celle du rez-de-chaussée.

En face de la porte d'entrée, est une porte qui permettait autrefois de passer dans la pièce voisine. Sur la paroi orientale de la chambre, c'est à dire à droite en entrant, on trouve une porte qui donnait accès dans les appartements situés de ce côté, dont le bâtiment n'existe plus.

Le mur donnant sur la rue Blandin, dans chaque chambre, est percé de deux fenêtres ogivales, fortement biseautées en dehors, et leur cintre percé dans une grosse pierre carrée; qu'en dedans, elles étaient en plein-cintre et très-ébrasées; que le bord de cet ébrasement était adouci par un large cavet.

Dans la chambre voisine, on trouve à droite, après avoir franchi la porte, une petite armoire carrée, puis une ouverture qui donne dans la maison voisine; au fond, en face de la porte d'entrée, une autre porte de communication. Deux fenêtres donnent sur la rue Blandin. On y a conservé l'ancien banc en pierre. Cette seconde chambre n'a pas de cheminée.

La cheminée[modifier | modifier le code]

Entre les deux fenêtres de la première chambre est une cheminée. Son ouverture a 2,13 m de large sur 1,90 m de hauteur.

Le manteau convexe est d'une seule pierre, de 0,89 m de haut. Il est orné d'une arcature formée d'arcs en plein-cintre s'entrecroisant de façon à former onze arcs ogivaux retombant sur des pilastres sans chapiteaux et sans bases. Sous l'arc du milieu est sculptée une tête de jeune homme.

Ce manteau est surmonté d'une corniche fort simple et soutenu par deux consoles très-saillantes, divisées elles-mêmes en trois consoles superposées.

Un des bas-reliefs représente une harpie à corps d'oiseau; ses pieds sont armés de griffes puissantes, et son cou est surmonté d'une tête de femme. Sur la console inférieure est un enroulement, au centre duquel une tige supporte une tête humaine.

Un autre bas-relief représente un dragon sans ailes; sa croupe se recourbe en replis tortueux; ses pieds sont armés de griffes; il a la tête plate d'un serpent. La console au-dessous est ornée d'une tête de jeune homme, dans un encadrement d'arabesques.

Au-dessus du manteau, la hotte se rétrécit jusqu'à la corniche qui supporte les poutres du plancher et fait le tour de la salle.

Deuxième étage[modifier | modifier le code]

La porte d'entrée du second étage est placée juste au-dessus de celles des étages inférieurs. Après l'avoir franchie, on se trouve dans une antichambre analogue à celles qui sont au-dessous, précédant la salle de prière de la synagogue.

Fenêtre et embrasure (Drouyn 1861)

Au milieu de la pièce, deux fenêtres gothiques percées sur la rue Blandin. Elles sont formées de deux cintres en ogive peu aiguë et en retrait, dont les moulures sont une imitation des cintres en brique des Romains. Deux autres petites fenêtres sont percées aux deux extrémités du même mur.

Chaque grande fenêtre se compose de trois hautes et étroites baies ogivales, dont les archivoltes retombent sur deux minces colonnettes monolithes, isolées, et deux autres colonnettes engagées dans les pieds-droits, toutes quatre appuyant leurs bases sur l'allège.

Leurs chapiteaux sont garnis de crochets, entre quelques uns desquels s'avancent de petites tètes humaines. Ces crochets sont des espèces de feuilles d'acanthe dont les extrémités supérieures sont très-recourbées.

Les baies ogivales, toutes trois de même hauteur, s'ouvrent sous un tympan au fond d'une embrasure recouverte de deux grandes archivoltes ogivales en retrait, retombant sur des colonnettes qui garnissent les parois des embrasures. La colonnette de l'archivolte du fond est de même dimension que celles des baies; mais l'autre, d'un diamètre plus considérable, est également plus longue, parce qu'elle s'appuie sur un banc qui fait le tour de la salle, et bien plus bas que l’allège.

Les archivoltes sont ornées, sur leur face et leur intrados. Les claveaux sont formés d'une billette ogivale très-saillante. Chacun d'eux est séparé de son voisin par une profonde scotie.

Celui sur lequel retombe, à droite, la plus petite archivolte, représente une tête de monstre à dents aiguës engoulant la colonnette; il ne reste plus de celui de gauche qu'une tête humaine.

Sur le chapiteau de la grande colonnette de droite est une tête de jeune homme barbu, entre deux feuilles d'acanthe; à gauche est une tête d'aigle entourée de feuilles recourbées ressemblant à des fleurs de lis.

A l'extérieur, les baies sont encadrées par une archivolte en plein-cintre retombant sur un cordon qui s'étend sur toute la longueur de la muraille.

La hauteur totale de ces fenêtres, depuis le plancher de la chambre, est de 5 m environ ; leur largeur totale est de 3,30 m ; la hauteur des baies est de 2,40 m.

En face des fenêtres on a orné la paroi de deux grands arcs ogivaux qui retombent sur trois colonnes (C A B dans le plan) dont les chapiteaux sont ornés de palmettes entourant des têtes de monstres ou de têtes humaines. Dans les remplissages qui ferment ces grandes arcades s'ouvrent de petites fenêtres en plein-cintre, très ébrasées vers l'intérieur, où leur arc est extradossé.

A côté de l'antichambre qui suivait la porte d'entrée, on voit de petites colonnes engagées dans la muraille, et qui ont dû supporter une galerie ou tribune qui occupait toute l'extrémité méridionale de la salle; ce qui, avec le banc qui en fait le tour, donnerait à penser qu'elle servait de lieu de réunions solennelles.

Le dessous de cette galerie était éclairé du côté de la rue Blandin par une petite fenêtre romane.

Le sous-sol[modifier | modifier le code]

Une cave ancienne existe sous la partie du bâtiment qui longe la rue Blandin.

Sous cette partie du rez-de-chaussée existe une cave peu profonde, dans la direction de celle qui est sous la maison neuve, et qui, avec le peu d'élévation des fenêtres au-dessus du sol (il n'était pas dans l'usage alors de laisser les fenêtres d'un accès aussi commode), me fait penser que le sol intérieur de tout ce rez-de-chaussée était plus bas qu'il ne l'est maintenant, et que, de la porte d'entrée, on y descendait par des escaliers. Dans cette hypothèse, la rue Blandin occuperait l'emplacement d'un ancien fossé entourant le Puy-Seguin



Les observations de Bougoux[28]

Mikvé

Conclusion[modifier | modifier le code]

Bougoux fut le premier à tester sérieusement l'hypothèse d'une synagogue en recherchant des éléments archéologiques qui devraient faire partie d'une synagogue. Pour remplir sa fonction au sein d'une communauté juive une synagogue doit se conformer à un certain nombre de critères :

  • Proche du quartier ou habite la communauté juive.
  • La construction la plus élevée du quartier juif et proche d'une source d'eau.
  • Un lieu central de la ville et proche des centres du Pouvoir.
  • Une grande salle de prière, qui ne doit pas avoir d'autres constructions au-dessus.
  • La salle de prière doit avoir une séparation (balcon, galerie ou autre) pour les femmes.
  • La salle de prière doit avoir un endroit très saint sur le mur orienté vers Jérusalem, où est gardé dans un armoire, le Torah.
  • A l'extérieur, un parvis ou cours où se réunit l'assemblée avant d'entrer dans le bâtiment.
  • Dans cette cours, une vasque alimentée de l'eau pure, pour laver les mains avant d'entrer dans la salle de prière.
  • L'entrée d'un mikvé, ou bain rituel. Le mikvé était presque toujours souterrain et alimenté avec de l'eau de source.
  • Le bâtiment devait avoir une salle d'étude ou école pour les enfants et une salle de réunion pour des évènements communautaires.
  • Un four de boulanger pour la préparation du pain azyme.
  • Dans les grands synagogues il y avait nombreuses petites pièces, et le lieu d'habitation du rabbin.

L'analyse détallé des vestiges du bâtiment actuel, des rapports de Dupin et de Drouyn, permet Bougoux de conclure que :

  • le bâtiment n'était pas une maison d'habitation d'un particulier ;
  • il était conçu pour accueillir des rassemblements solennelles ;
  • la proximité de l'Hôtel de Ville exclu un autre bâtiment civique ;
  • la décoration est semblable à certaines églises romanes dans les environs[22] (le même atelier qui travaillait vers 1180 - 1200), mais le bâtiment n'était pas une église ;
  • les critères ordonnances nécessaires pour être une synagogue sont satisfaites.

Bibiliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Document utilisé pour la rédaction de l’articleMichel Dupin, Notice historique et statistique de La Réole : suivie de détails historiques sur les diverses communes de l'arrondissement qui renferment des monuments, des antiquités et des curiosités remarquables,, La Réole, J. Pasquier, , 338 p. (lire en ligne sur Gallica) (pages 122-126).
  • Document utilisé pour la rédaction de l’articleM. Lapouyade, « Essai de statistique archéologique - La Réole : Edifices particuliers », Actes de l'Académie royale des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux,‎ , p. 337-344 (lire en ligne sur Gallica) et M. Lapouyade, « Architecture civile du Moyen-âge à La Réole », Bulletin Monumental, t. XIII,‎ , p. 203-206 (lire en ligne sur Gallica).
  • Document utilisé pour la rédaction de l’articleLéo Drouyn, « Note descriptive : des églises de Villenave d'Ornon, Léognan, Sainte-Croix-du-Mont et Aubiac et une ancienne maison de La Réole », Bulletin monumental, vol. 19,‎ , p. 425-461 (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  • Document utilisé pour la rédaction de l’articleLéo Drouyn, La Guienne anglaise : histoire et description des villes fortifiées, forteresses et châteaux, construits dans la Gironde pendant la domination anglaise, Bordeaux, , 618 p. (lire en ligne), pages 159-165 (dans le fichier informatique : Texte pages 190-196 ; Planches pages 396-398 et 408-414).
  • Octave Gauban, Histoire de La Réole, La Réole, Vigouroux, , 622 p..
  • Léo Drouyn, Les albums de dessins : De Saint-Macaire à La Réole et la vallée du Drot, vol. 2, Camiac, C.L.E.M., (pages 160-165).
  • Document utilisé pour la rédaction de l’articleChristian Bougoux, L'Ancienne Synagogue de La Réole, Bordeaux, Bellus Édition, coll. « Archipel Roman », , 143 p. (ISBN 2-9503805-3-0).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Maison Seguin », notice no PA33000069, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture, consulté le 15 septembre 2011
  2. Pierre Jules de Bourrousse de Laffore, Nobilaire de Guienne et de Gascogne, vol. 3, Paris, Du Moulin, , 626 p. (lire en ligne), pages 102-111.
  3. Jacques de Seguin (1588-?) ; Roche de Seguin (1622-1696) ; Pierre Roch de Seguin (1654-1733) ; Pierre Roch de Seguin (1703-1763) ; Jacques Abel de Seguin (1746-1817) ; Jean Antoine de Seguin (1789-1874) ; Charles de Seguin (1825-1894) ; Raymond de Seguin (1851-1925) d'après « Arbre genéologique de la famille Seguin », sur Geneanet.
  4. Drouyn (1865), page 160
  5. Drouyn (1853), page 451
  6. Drouyn (1853), page 458.
  7. Drouyn (1865), page 165
  8. Charles Bémont, Rôles Gascons : 1254-1255, t. I (supplément), Paris, Imprimerie Nationale, (lire en ligne)
    Charles Bémont, Rôles gascons : 1273-1290, t. II, Paris, Imprimerie nationale, , 588 p. (lire en ligne).
    Charles Bémont, Rôles gascons : 1290-1306, t. III, Paris, Imprimerie nationale, (lire en ligne).
    Yves Renouard, Rôles gascons : 1307-1317, t. IV, Paris, Imprimerie nationale, , 712 p. (lire en ligne).
  9. (en) « Chancery:Gascon Roles », sur National Archivres, London
  10. Dupin, page 125.
  11. Gérard Nahon, « L'archéologie juive de la France médiévale », dans Archéologie médiévale, t. V, Caen, Publications du C.R.A.M., (présentation en ligne), p. 139-159.
  12. Théophile Malvezin, Histoire des Juifs à Bordeaux, Bordeaux, Charles Lefebvre, , 375 p. (lire en ligne), Chapitre III, pages 34-49.
  13. Gaubin, page 379.
  14. Dupin, page 122.
  15. Dupin, page 125
  16. Dupin, pages 125-126
  17. Jacques Tanguy, « Le monument juif du palais de justice de Rouen », CPI Groupe, (consulté le )
  18. « Le CRIF à la maison sublime de Rouen », CRIF, (consulté le )
  19. « Synagogue de Rouffach », Site du Judaïsme d'Alsace et de Lorraine (consulté le )
  20. « Le Mikvé de Montpelleir : Témoin juif du Moyen Age », sur Montmartre secret
  21. Emmanuel Haymann (auteur pour le chapitre France), Le guide culturel des Juifs d'Europe, Seuil, , page 22
  22. a b et c Jacques Gardelles, « La sculpture monumentale en Bordelais et en Bazadais à la fin du XIIe et au début du XIIIe siècle. I. Les derniers sculpteurs romans à la Réole et à Pujols », Bulletin monumental, vol. 132, no 1,‎ , p. 29-48 (lire en ligne, consulté le ).
  23. (en) Walter Cahn, « Romanesque Sculpture in American Collections. IV : The Isabella Stewart Gardner Museum, Boston », Gesta, vol. 8, no 2,‎ , p. 47-62 (JSTOR 3837935).
  24. a et b « Portal, late 12th century, La Réole, France », sur Isabella Stewart Gardner Museum, Boston
  25. Eric Gassies, « La Maison Seguin à La Réole », Bulletin monumental, vol. 155, no 2,‎ , p. 145-148 (lire en ligne, consulté le ).
  26. « Définition du mot Parvis », sur Dictionnaire de l'Académie française
  27. Edgar Mareuse (1848-1926) était un bibliophile collectionneur, passionné de topographie parisienne et aussi photographe amateur qui rapidement s’intéressa au travail d’Eugène Atget : « Catalogue de la bibliothèque de Monsieur Edgar Mareuse », sur Paris-Libris.
  28. Bougoux, pages 108-120.

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